Maîtriser l'électricité pour maîtriser ses charges : un enjeu majeur pour les élevages laitiers

Parmi les 3000 agriculteurs embarqués vers des économies d’énergie dans le programme Fabacéé, 30% sont des exploitations agricoles en élevage laitier. Pour la plupart de ces éleveurs, comprendre et maîtriser leur consommation est devenu un enjeu crucial. Et cela passe avant tout par l’optimisation d’un poste central : la salle de traite.

Quels sont les volumes énergétiques consommés en salle de traite ? Quels sont les leviers pour les réduire ? On vous propose quelques pistes dans cet article.

Panorama général des consommations d’énergie en élevage laitier 

L’électricité est centrale dans le processus de production en élevage laitier. En conséquence, avec 22 à 51% des consommations totales des exploitations, c’est un des postes énergétiques majeurs des exploitations agricoles concernées par ce type de production.

Dans le cas des élevages caprins, la consommation d’électricité est même le premier poste de consommation à l’échelle de l’élevage : elle s’élève à 554 kWh pour 1000 L de lait produits. 

GONTIER T. et al., 2025. Consommations d’énergies en élevages herbivores. Institut de l’Elevage. Paris. Coll. L’Essentiel, 76 pages. Lien : https://idele.fr/?eID=cmis_download&oID=workspace%3A%2F%2FSpacesStore%2F3788b6a2-24fe-466d-a26c-d5265fa25640&cHash=ca6fa1cae3f8b620a57a020a9beee239

À la première position des postes les plus consommateurs d’électricité en élevage laitier se trouve le bloc de traite, qui représente en moyenne 85% à 90% de la consommation totale d’électricité de l’élevage. Dans la plupart des cas, l’essentiel de cette consommation repose sur le tank à lait, le chauffe-eau et la pompe à vide. Dans le cas particulier des élevages avec un robot de traite, le robot est le premier poste de consommation du bloc traite. Il engendre une augmentation de la consommation de +10 à +15 kWh/1000 L de lait¹.

Le problème ? Depuis 2007, les éleveurs se heurtent à une constante augmentation des coûts de l’électricité. Et ces dernières années, cette augmentation s’accentue : entre 2022 et 2024, les prix de l’électricité ont grimpé de 38%. Pour une ferme bovins lait avec une consommation énergétique moyenne, cette augmentation correspond à une hausse de la facture de 2,36€ pour 1000L de lait produits. 

D’après l’Union Fédérale des Consommateurs (UFC), cette hausse ne tend pas à s’inverser. Leurs prévisions anticipent une augmentation des tarifs d’environ 30% tous les 5 ans. Pour limiter la dépendance à ces variations de prix, maîtriser ses consommations est un enjeu crucial pour les agriculteurs. 

Alors, face à cette hausse inéluctable des prix de l’électricité, quelles sont les solutions pour limiter l’impact économique du fonctionnement des salles de traite ? 

Quelles actions pour réduire les consommations d’électricité en salle de traite ? 

Dans la transition vers des pratiques plus économes en électricité, la phase de compréhension et d’analyse de ses consommations est primordiale : identifier les postes les plus énergivores dans la salle de traite facilite la maîtrise des coûts. 

Comprendre ses consommations d’électricité 

Pour cela, plusieurs options sont envisageables : mettre en place des sous compteurs qui enregistrent la consommation de différents appareils, être attentif au comportement des appareils et identifier de potentiels dysfonctionnements. Pour une analyse plus fine, il est aussi possible de réaliser un diagnostic spécifique avec un expert technique

On constate qu’un mauvais entretien du matériel joue un rôle majeur dans la surconsommation des appareils. Par exemple, le détartrage du chauffe-eau et du récupérateur de chaleur peuvent agir respectivement sur 30% de la consommation totale du chauffe-eau². 

L’aménagement de la laiterie est également un levier pour réguler sa consommation. La disposition des équipements influe sur la circulation de l’air, et en conséquence sur la surconsommation des appareils lors de chaleurs excessives. Par exemple, l’installation d’une ventilation dans la laiterie peut permettre d’économiser jusqu’à 25% de la consommation du tank à lait, soit 2 à 7€ par vache et par an³. 

Investir pour agir sur sa facture énergétique

Concernant les leviers qui nécessitent un investissement financier plus conséquent, la solution des pré-refroidisseurs à plaques ou tubulaires est déjà assez répandue en élevage. Le principe ? Un échangeur thermique fait circuler le lait chaud dans un circuit, et de l’eau froide à contre-courant dans un circuit adjacent. Ainsi, le lait arrive pré-refroidi dans le tank à lait. Ce levier représente 40 à 50% d’économies sur la consommation du tank à lait⁴. 

Il est également possible pour les agriculteurs de s’équiper d’un chauffe-eau solaire. Cet équipement fonctionne grâce à des panneaux solaires thermiques positionnés sur le toit, reliés par un circuit fermé à un échangeur thermique directement à l’intérieur du ballon d’eau chaude. Pour atteindre la température de l’eau souhaitée (75°) il doit être couplé à un ballon d’eau-chaude électrique.

Vers un changement de système 

Certains font le choix de passer leur troupeau en monotraite, de manière temporaire ou plus régulière. Ce système permet des économies considérables sur les consommations du tank à lait, le chauffe-eau et la pompe à vide, allant jusqu’à 40% de la consommation des équipements⁵. 

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À l’heure actuelle, les éleveurs laitiers du programme Fabacéé ayant déjà présenté leurs projets d’économies d’énergie ont majoritairement sélectionné les leviers suivants : 

  • l’entretien du condenseur du tank à lait, 
  • la mise en place d’un chauffe-eau solaire, 
  • et la mise en place d’un pré-refroidisseur sur le tank à lait. 

Combinés ensemble, ces leviers peuvent réduire significativement les charges énergétiques de la salle de traite de l’élevage. 

Le programme Fabacéé facilite la mise en œuvre de ces différents leviers en accompagnant les éleveurs à chaque étape. Il permet notamment de mobiliser des fiches CEE, d’identifier des financements complémentaires et de bénéficier d’un soutien dans les démarches administratives, souvent complexes et chronophages. En simplifiant ces processus et en rendant plus accessibles les dispositifs financiers existants, le programme incite les exploitants à passer à l’action et à aller chercher les financements nécessaires pour concrétiser leurs projets d’amélioration énergétique.

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Et quand on parle d’économies financières, ça donne quoi ? 

Ces leviers permettent des économies énergétiques importantes, mais comment cela se traduit concrètement sur l’aspect financier ? 

Prenons l’exemple d’un élevage laitier dans le Finistère avec 75 vaches laitières, et 620 000 L de lait produits par an. Grâce à l’installation d’un pré-refroidisseur, la consommation électrique de son tank à lait a pu être divisée par deux. Il est ainsi passé d’une facture de 2460€/an à 1353€/an après installation du pré-refroidisseur. Chaque année, cela représente une économie de plus de 1000€. Cet équipement devrait lui permettre d’économiser 25 000€ d’ici 20 ans (en considérant une hausse du prix de l’électricité de 3%/an).

Pour le cas du récupérateur de chaleur, prenons l’exemple d’un élevage en Ille-et-Vilaine. Avec 120 vaches laitières et 800 000 L de lait produits par an, l’éleveur a besoin de 650 L d’eau chaude par jour. Grâce à l’installation d’un récupérateur de chaleur, il divise sa consommation d’électricité par 3, ce qui correspond à environ 2000€ d’économies chaque année. Dans 20 ans, il pourra atteindre près de 50 000€ d’économies. 

Pour réduire la facture d’électricité, plusieurs solutions s’offrent aux éleveurs, qu’elles soient à court, moyen ou long terme. Il n’est pas forcément nécessaire d’investir en premier lieu dans l’achat de nouveau matériel pour réaliser des économies d’électricité en salle de traite. Cibler les principaux postes de dépense, mieux entretenir son matériel, ou encore modifier plus en profondeur l’organisation de la traite, il s’agit avant tout d’identifier les actions les dans lesquelles se lancer pour optimiser sa consommation électrique. Et dans un contexte d’augmentation exponentielle des tarifs de l’électricité, on a tout à y gagner ! 

Sources : 
  1. GONTIER T. et al., 2025. Consommations d’énergies en elevages herbivores. Institut de l’Elevage. Paris. Coll. L’Essentiel, 76 pages Lien : https://idele.fr/?eID=cmis_download&oID=workspace%3A%2F%2FSpacesStore%2F3788b6a2-24fe-466d-a26c-d5265fa25640&cHash=ca6fa1cae3f8b620a57a020a9beee239
  2. MASSABIE Patrick, GONTIER Thomas. 2025. Consommations électriques liées à la traite. Institut de l’Elevage. Paris. Coll. L’Essentiel, 20 pages. Lien : https://idele.fr/?eID=cmis_download&oID=workspace%3A%2F%2FSpacesStore%2F5f06acf1-82d4-452b-86bf-ab6466b74e51&cHash=b07a7422772d817fc9a631ccca61c867 
  3. Institut de l’Elevage (Idele). Les consommations d’énergie en bâtiment d’élevage laitier. Paris. Coll. Synthèse, 32 pages. Lien : https://documents.cdrflorac.fr/InstitutElevage_ConsommationEnergieBatimentBovinLait_2009.pdf 
  4. GIE élevages Bretagne. Liste des pré refroidisseurs agréés et éligibles aux subventions - 2024. Lien : https://www.gie-elevages-bretagne.fr/admin/upload/170303_Liste_des_PR_agr__s_v15___nouvelle_version.pdf 
  5. Voir ressources de la Chambre d’Agriculture de Bretagne : https://bretagne.chambres-agriculture.fr/resultats-de-recherche?tx_solr%5Bq%5D=monotraite 

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